Témoignages

Année #2

Ensemble Erard-Charenton, Paris 12e du 08/09/2023 au 08/09/2024

Nicolas

jeudi 1er février 2024 à 08 h 21

Ma veille fut pour moi un moment durant lequel je suis passé par une suc­ces­sion de dif­fé­rents états sen­so­riels et psy­chi­ques.
Tout d’abord, mon pre­mier réflexe, comme beau­coup de monde je pense, fut de m’émerveiller du fabu­leux pano­rama qui se dres­sait face à moi. Il m’avait déjà été donné de voir Paris d’un angle sur-élevé, mais jamais de celui-ci. Tour Eiffel, Sacré-Cœur, Tour Saint-Jacques, Notre Dame, Bercy, Le Panthéon... tout y est.
Cet état de contem­pla­tion passe assez vite. On se retrouve, en un peu moins de 5 minu­tes, à se dire "et main­te­nant ?". Se créée alors une forme d’inquié­tude face à cette inti­mi­dante cloi­son­née qu’il nous reste à vivre. On regarde alors la ville d’un œil plus aguerri.
Tout d’abord, les sal­li­ci­ta­tions lumi­neu­ses nom­breu­ses vien­nent capter notre atten­tion : lumiè­res de la gare, pan­neau de la phar­ma­cie, feux de signa­le­ment, pan­neaux publi­ci­tai­res...nom­breux sont les dis­po­si­tifs de la ville conçus pour cap­ti­ver notre rétine. On baisse ensem­ble les yeux et on regarde avec plus d’atten­tion tous ces humains qui grouillent. La ville four­mille lit­té­ra­le­ment : des ouvrier sur les toits, les cyclis­tes, des pié­tons, des conduc­teurs, des mamans, des employés, des jog­gers...notre champ visuel contient en per­ma­nence une ving­taine de per­son­nes qui vaquent à leur occu­pa­tion, chacun avec style, leur diman­che. On se met alors à s’inté­res­ser à eux, s’atta­cher à eux. Au loin, les acti­vi­tés humai­nes sont également visi­bles, les lumiè­res des bureaux s’allu­ment pro­gres­si­ve­ment, les trains pas­sant à une cadence de plus en plus élevée. Face à ce bouillon­ne­ment, on se rend alors compte qu’on est plus dans un état de contem­pla­tion, mais bien de veille. On s’inté­resse à la ville, sur­veille ses habi­tants, véri­fie que tout se déroule bien.
L’action de veiller est alors très pre­nante et on en vient à s’oublier en tant que veilleur. Le spec­ta­cle étant bien plus actif que ce que je m’ima­gi­nais, je me suis senti comme un être omni­scient sur­plom­bant la ville, ren­dant ainsi l’expé­rience extracor­po­relle. Mais petit à petit, je vois mes col­lè­gues entrer dans les bureaux où l’on tra­vaille, son­nant ainsi l’appro­che de l’heure fati­di­que : 9h30, la fin de la veille.
La ville nous rap­pelle alors en son sein, et on se sou­vent, après avoir veillé pen­dant une heure.

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