Témoignages

Année #1, La Maison populaire

La Maison du parc du 02/10/2021 au 02/10/2022

Marine

dimanche 28 août 2022 à 07 h 01

« Avant d’aller à la réu­nion, j’avais pensé que je lirai.
Avant de partir ce matin, j’ai hésité à pren­dre une pince à épiler pour tri­cher.
En me cof­frant, j’ai bien failli m’asseoir. Chaque fois je me suis sou­ve­nue du but.
D’abord, j’ai vu les oiseaux. La cho­ré­gra­phie des pies et des pigeons sous l’œil d’une cor­neille. Il y avait ce grand robot ; immeu­ble à flash.
Les cou­reurs avaient des façons de bouger très dif­fé­ren­tes. Moi aussi j’ai ges­ti­culé sur mes appuis. Je me suis échauffée : la nuque, les poi­gnets, les han­ches, les genoux, les che­villes comme à l’école. J’avais tou­jours froid.
J’ai allumé le radia­teur. Les fenê­tres étaient toutes peti­tes. J’ai fait le tour des bal­cons pour trou­ver un humain. J’en ai trouvé un à l’est. Rien à l’ouest mais sou­dain dans le reflet de la vitre le disque s’est montré.
Je me suis retour­née pour m’y confron­ter. Il y avait un tunnel rose qui débou­chait ou bien un cachet d’aspi­rine qui trem­blait sur son autel.
Autour de la forme une lumière se bala­dait, épileptique. J’ai regardé le bois. Je me suis déta­chée de l’hyp­nose. J’ai baladé mes doigts sur les nœuds.
J’ai fait 5 pompes, puis 50 abdos. J’ai chanté la Bohème sans le refrain chiant. J’ai marché d’un bout à l’autre comme un fou stressé en criant un mot chaque fois que je me trou­vais arrê­tée par le verre. J’ai salué le soleil. Chien tête en bas et quel­ques autres acro­ba­ties. Le mon­sieur qui ramasse les déchets n’est pas très cons­cien­cieux. Les pro­prié­tai­res de chiens s’enten­dent plus ou moins et n’élèvent pas leur chiens de la même façon. Paris semble plus petit sous la lumière. Les arbres ont grossi. J’ai chanté “Do le do il a bon dos”. J’ai recom­mencé car j’entends que je chante faux. Je ne me suis pas amé­lioré. Le soleil est trop fort pour mes yeux main­te­nant. Je me suis dit que je l’aimais mon homme puis je me suis dit que je ne l’aimais plus.
J’avais déjà éteint le radia­teur depuis bien long­temps. »

Marine

Partager sur :