Lucie
Premier jour du printemps.
À l’entrée dans l’abri, petite appréhension du vide, avec le liseré lumineux qui crée une prolongation de l’espace dans le vide. Puis je m’habitue et m’approche de la vitre.
Le soleil est voilé par des nuages. Le ciel est rose, je vois la lueur entre les cheminées mais le disque n’apparaît pas clairement.
Perspective sur la ville dont je n’ai pas l’habitude. premiers temps à chercher l’orientation. L’axe Est-Ouest est donné par le soleil, je redispose les monuments de Paris sur le panorama.
Très peu de corps humains. Ils sont tous dans leur petite boîte. Tout le monde dans son objet-abri.
Peu de circulation aussi. C’est calme. les encombrants enlèvent des meubles. Un long camion Leroy-Merlin se gare en face de moi. Pourquoi ?
Pas beaucoup d’oiseaux : des corneilles, pies, merles (qui jouent), des pigeons. Des moucherons viennent eux aussi veiller sur la ville. Ils se collent sur la vitre.
Le rocher des singes et le Tribunal de Grande Instance sont deux formes jumelles à l’opposé l’une de l’autre.
Un balayeur consciencieux.
Un nuage de pollution foudroie au-dessus de l’horizon vers la Défense.
Un premier train fait son entrée, traverse le panorama.
La vie commence à prendre un peu plus la rue.
Il y a un contrôle aujourd’hui, une collégienne révise en marchant. Un type s’y prend à trois fois pour trouver sa place de parking au milieu de l’emplacement livraison en face de moi. Il sort de son véhicule pour évaluer l’espace derrière son véhicule et pourtant il reste au beau milieu.
Au bout d’un temps on se rend compte que la tour de la gare de Lyon nous donne l’heure ! (A partir de ce moment-là, on est moins tranquille !)
Les passants sont de plus en plus nombreux. Vélos. Chiens. Joggers.
Tiens les encombrants ont laissé un matelas contre le mur.
C’est l’heure. Tout va bien. Pas d’accident. J’ai veillé.