Témoignages

Année #2

Ensemble Erard-Charenton, Paris 12e du 08/09/2023 au 08/09/2024

Blaise

mardi 20 février 2024 à 07 h 50

Une suc­ces­sion d’appa­ri­tions. Des gens qui se connais­sent qui dis­cu­tent entre eux. L’heure des pou­bel­les vertes et le moment où elles sont enle­vées. L’heure des sor­ties de par­king, deux vélos puis une voi­ture. L’heure d’arri­vée des trains, et le long défilé des voya­geurs le long de la grille blan­che. L’heure où la lumière du du 5ème étage s’est allu­mée, et l’heure où elle s’est éteinte, mince, je n’ai vu per­sonne sortir. L’heure où un homme a marché sur le toit sans aucune pré­cau­tion, s’accro­chant à mains nues, pour vidan­ger une cana­li­sa­tion. L’heure où j’ai pensé aux sables et aux autres veilleurs, veilleu­ses. L’heure du 1er oiseau dans le ciel. L’heure où la lumière du 3ème s’est allu­mée, puis une per­sonne avec un aspi­ra­teur, un·e rési­dente, un·e employée. L’heure où les tra­vaux ont repris, dans l’immeu­ble d’en face, les allers-retours de la corde ver­ti­cale. L’heure où les zin­gueurs sont arri­vés sur les toits en chan­tier. L’heure où j’ai vu un homme sur le ter­rain vague der­rière la gare de Lyon. L’heure du pre­mier enfant, puis peu de temps après la pre­mière pous­sette. L’heure où les quel­ques pas­sants dis­conti­nus sont deve­nus un flot inin­ter­rompu de monde. J’ai vu les fûts de bière du Barracuda, le bar d’en face, arri­ver. Un groupe d’hommes sortis des années 70, 5, saco­ches à la main, mar­chant en meute. L’heure du 1er employé, et puis l’heure de la pre­mière dis­cus­sion des bureaux d’en face. L’heure des pre­miers reflets quand la lumière fut assez intense, pour que les vitres la reflè­tent. L’heure des bruits, quand les quel­ques sons de mon arri­vée se sont trans­for­més en freins, sirè­nes, tra­vaux, comme les plain­tes d’un chien métal­li­que venues d’il y a des siè­cles. L’heure où les pigeons se sont accou­plés, celle où les cor­neilles se sont envo­lées. Celle où j’ai vu un bras, une jambe. Celle où j’ai réa­lisé que j’avais manqué un évènement, une porte ouverte, une lumière éteinte. Et au loin, plus lent, les bâti­ments insoup­çon­nés appa­rais­sent, la BNF, des sta­tues. Et le ciel, tran­quille­ment, se mue en des nuées cou­leur essence.

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